Le terrorisme international a créé un écosystème entier, qui permet à l’action terroriste d’obtenir un maximum de résultats avec un minimum de moyens.
Pour preuve : les attentats du 11 septembre 2001 ont coûté, selon les sources, de 175000 à 343000 dollars ; ceux de Madrid, Londres, Manchester, Bruxelles, Stockholm ou Paris, quelques milliers d’euros ! Ne parlons pas des attaques à la hache, au couteau et à la voiture bélier…
En revanche, les financements qui permettent les recrutements, les locations de locaux, les formations des opérateurs, la logistique et toute la propagande sur internet et le développement de réseaux d’influence - sont nettement plus élevés. De la même façon que les financements en aval : lorsqu’il s’agit de prendre en charge les familles de terroristes ou de payer des opérations ayant pour but de permettre de changer d’identité.
Jusqu’à l’apparition de Daesh, il existait trois types de financement standards: le financement par le haut (les banques), le financement par le bas (prélèvement de la zakat, flux en provenance de hawala et d’ONG etc), le financement lié à la petite délinquance.
Mais, l’Etat Islamique a constitué un changement de paradigme.
La constitution d’un proto-Etat a permis de créer un véritable écosystème économique permettant aux terroristes du groupe Etat islamique de procéder à des trafics de pétrole grâce à la connivence de services étrangers, à l’institutionnalisation d’un impôt islamique et à l’investissement dans l’économie locale, en Irak et en Syrie.
Agissant à la manière d’un État mafieux et voyou, ces terroristes ont su exploiter le tissu productif local pour renforcer leur emprise sur ces territoires et tisser des liens subversifs entre crime organisé et économie locale.
N’oublions d’ailleurs pas quelle a été l’origine de Daesh… C’est parce que le combat idéologique d’Al Qaïda en Irak et ses financements extérieurs s’épuisaient qu’en 2013, le groupe s’est transformé en « Etat Islamique ».
Difficultés et limites de la lutte contre le financement du terrorisme
Si l’action terroriste violente en elle-même ne coûte pas cher et met en œuvre des modèles de financement modestes, ils en deviennent presque indétectables au sein des flux financiers illégaux ou dans les mouvements monétaires courants.
La principale difficulté qui demeure : c’est le manque de consensus autour de la définition du terrorisme. En 2019, il n’existe toujours aucune définition claire de ce qu’est le terrorisme qui soit reconnue par l’Organisation des Nations Unies. C’est pourquoi l’OCFT propose une définition claire et simple de ce qu’est le terrorisme : le terrorisme est l'utilisation de la violence contre des civils pour promouvoir des fins politiques.
Un manque de volonté politique ?
C’est bien aux États de mettre en œuvre des moyens efficaces pour lutter contre l’optimisation fiscale, ainsi que contre l’accroissement des flux financiers à des fins politiques et terroristes. C’est pourquoi notre think-thank réunit autour d’une même table les acteurs mêmes qui permettront de lutter efficacement contre les groupes terroristes et la propagation des hawala destinés à des actions terroristes.
C’est pourquoi à l’OCFT nous aidons les acteurs en question à mettre en place des mesures de lutte contre l’économie informelle des groupes terroristes :
- en encourageant les États à lutter contre la hawala en élaborant un système bancaire fiable
- en harmonisant les normes fiscales et bancaires, ainsi que les plateformes financières afin de mettre un terme au financement offshore
- en encourageant davantage de pays à signer la Convention de 1999 de l’ONU
- en permettant l’identification et l’inculpation sans faille des facilitateurs financiers et autres individus nuisibles
Un nouvel enjeu: l'émergence de monnaies virtuelles
Face à l’engouement croissant pour les monnaies virtuelles, le risque subséquent de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme existe et ne fait que croitre. Les groupes terroristes disposent désormais d’une nouvelle plateforme de blanchiment d’argent : les blockchains. Les blockchains ne créent pas véritablement de nouvelles méthodes d’escroquerie mais offrent un nouveau champ d’application aux terroristes.
Le potentiel de développement des monnaies virtuelles est important, et justifie l’élaboration d’un cadre juridique et légal qui permette de favoriser l’innovation tout en prévenant les dérives et notamment le blanchiment d’argent par les groupes terroristes. Le rôle des Etats et de la collaboration entre Etats est ici primordiale : les monnaies virtuelles sont par définition des monnaies sans frontières.